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Louis XI,

à Aras,

11 Mai 1478.

398 Ordonnances des Rois de France

laquelle, et aussi par grands et merveilleux serments, il y jura et promit qt)c si nostre plaisir estoit de y aller, nous en pourrions retourner sûrement toutefois qu’il nous plairoit, sans ce que , pour quelque chose qui pust advenir, aucun arrest, destourbier ou empeschement nous fust donne, sous la confiance desquelles choses et pour la grande affection que nous avions de venir au bien de paix, mettre nostre royaume en repos et tranquillité et «schever (a) l’effusion du sang humain, désirant plutost par douceur que •par rigueur attraire ledit Charles de Bourgogne à obéissance , nous conxlescendismes de aller audit lieu de Peronne, non pensant que jamais ij fust si mauvais ne si desloyal de vouloir fausser et parjurer les grands ser mens par lui faits et les promesses et sûretés qu’il avoit sur ce baillées (b) mais, ce nonobstant, peu de temps après que y fusmes arrivez, ledit de Bourgogne, contre toute foy, toute loyauté et tout honneur, fit fermer sur nous les portes de ladite ville de Peronne, et osa entreprendre et attenter de y arrester et retenir notre personne et nous mener là où il voulust, contre notre plaisir et volonté, cn quoy, puisqu’il osoit attenter en la personne de son souverain seigneur, il demonstra clairement qu’il n estoit trahison ne desloyauté si grande, crime si haut, si enorme ni si detestable, qu’il ne voulsist et osast bien commettre pour parvenir à ses damnables et iniques affections ; toutesfois, aprez, doubtant (c) l’esmotion de nostre royaume, nous relascha, et, combien que lors il nous promit et jura de faire l’homage, fidélité et obéissance qu’il devoit à nous et à nostre justice, à cause des terres et seigneuries qu’il tenoit en nostre royaume, ce néantmoins, il n’en a depuis rien fait ne voulu faire, encores a toujours mis peine de nourrir et entretenir divisions et séditions en nostredit royaume pour cuider (d), par le moyen d’icelles et par frauduleuses et iniques cavillations , venir aux pernicieuses et desloyales fins où il tendoit. Et depuis, pour ce que fusmes avertis que encore il queroit fausses occasions et couleur de vouloir faire guerre à nous et à nos pays et sujets, pour nous eschever les inconveniens qui en pourroient advenir, et afin qu’il n’eust quelque fondement pour fulcir^j ses iniquités, envoyasmes devers lui gens notables de nostre conseil, pour lui dire que, s’il y avoit quelque chose dont il pretendist cause de soi douloir contre qui que ce fust, nous lui en ferions faire telle justice ct réparation qu’il en devroit estre content ; mais il leur fit réponse que de nostre justice ne d’avoir réparation pour icelle il ne vouloit point, en quoi il demontroit bien qu’il ne queroit ne raison ne vérité, mais fausses et exquises inventions pour colorer sa malice. Aprez lesquelles choses, ledit Charles de Bourgogne, perseverant de plus en plus en son obstination, se mit de rechef en armes contre nous, entra ez pays à nous obéissants, nous a fait guerre ouverte, prins plusieurs villes et places en nostre royaume, bouté feux en aucuns lieux, comme à Neelle (f) et ailleurs, qui s’estoient rendus à lui par composition et promesse de laisser aller ceux qui les tenoient sûrement et sans leur mal faire quoi que soit, leurs vies sauves, après qu’il en a eu la subjection, sans garder foy, loy ne honneur, a fait inhumainement tuer et meurtrir tout le peuple qu’il trouvoit dedans, et Notes.

(a) Eviter. (d) S’imaginer, croire, penser.

(b) Voir notre tome VII,pag. 12g et suiv. (e) Appuyer , soutenir. (c) Pour redoutant. (f) En Picardie. Ce fut en 1471-