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xviij P R É F A CE.

sous quelques rapports, les sujets du seigneur ne l’obtenoient pas tout entière ; des marques de servage restoient encore et se prolongeoient (a). Les coutumes des divers pays prescrivent souvent, dans ce cas, plusieurs devoirs annuels ; des redevances pécuniaires se joignoient aussi d’ordinaire aux devoirs auxquels la personne restoit soumise. On établit ce qu’on nomma le droit de bourgeoisie : il étoit de douze deniers tournois dans le Nivernois (b) : dans une grande partie du Berry, il consistoit en un setier d’avoine ; ce qui fit appeler ces bourgeoisies bourgeoisies d’av’ene ou d’avenage (c). On désigna quelquefois par offrande volontaire des droits véritablement imposés, oblatio ; il sembleroit même qu’on vouîoit exprimer par le mot rogatio une rétribution que le seigneur étoit prié d’accepter (d) : mais ces prestations avoient le caractère de toutes les autres. Nullus hominibus de Lorriaco talliam, nec oblationem, neque rôgain faciat, disoit la coutume de Lorris

Quelquefois on échangeoit l’exercice d’un droit pour un autre. J’en trouve des exemples dans les ordonnances de nos Rois. Ainsi, par ses lettres du mois de mai 1247 (f), un Duc de Bourgogne échange un droit de gîte qu’il avoit à Rouvre, pour un droit de banvin. On voit aussi le seigneur à qui un genre de contribution étoit dû , le remettre, sous la condition qu’un cens annuel lui sera payé : tel est l’objet des lettres octroyées en 1135 par Geoffroi, Comte d’Angers, aux habitans de cette ville ; il leur remet, moyennant un cens pareil, le droit de vinage (g) qu’il avoit sur chaque arpent de terre (h). Thibaut, Comte de Champagne, accorde aux habitans d’Andelot une exemption plus étendue, moyennant la redevance de douze deniers et d’un chapon, que chacun d eux paiera aux fêtes de Noël de chaque année (ï). Les lettres par lesquelles Philippe - Auguste accorda une commune et des coutumes à la ville d’Amiens, font mention d’un échange entre l’archidiacre de cette ville et ses échevins : une redevance de cinq sous et quatre chapons fut substituée à un droit que l’archidiacre prélevoit, à la fête des Saints Apôtres, sur toutes les voitures qui entroient à Amiens (k).

On peut compter parmi les autres obligations qui leur étoient imposées ou les autres redevances qu’ils devoient acquitter, le fossagium , ou l’obligation de réparer les fossés et les clôtures du château (l).

(a) Voir ci-après, p.xlviij et suiv. (e) Voirie tom. XI, p. 201 , art. 9. (b) Chap. IX de la coutume, S- 6. (f) Ordonn. tom. IV, p. 390. (c) La Thaumassière, Coût, de Berry, (g) Voir ci-après, p. xlj. p. r 1. Voir la coutume de Châteauneuf, (h) Ordonn. tom. IV, p. <>32, art. 1. art. 25, et les opuscules de Loisel, titre (i) Ordonn. tom. VIII, p. 1 26, art. 3. du Droit de bourgeoisie. (k) Ordonn. tom. XI, p. 267, art. 46• (d) Ko/r notre tom. XV, p. 167, noteÂ, (l) Ordonn. tom. XV, p. 231 ,noted. et ci-après, p. xxxiij.