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PRÉFACE. xlv

repos, quand le Prince s’obligeoit à ne rien changer d’une année. «Nous voulons et ordenons», dit Charles V, alors Régent, et qui venoit d’obtenir une aide des états assemblés, « que le jeudi avant »la Nativité de S. Jehan-Baptiste prochain venant, ie mouton de » fin or (a) que nous faisons faire, vaille vingt-quatre solz parisis ; le «florin, &c. et ferons faire monnoies blanches et noires, bonnes et »de bon aloy, et en lestât et pié dessusdit les tendrons, et promettons en bonne foy tenir et faire, jusques à la Saint-Jehan-Baptiste «qui sera l’an treize cent cinquante-neuf, sans icelle muer, croistre «ou abaissier en quelque maniéré ; et se le contraire estoit fait par «inadvertance ou autrement, nous voulons et ordenons que ce ne «vaille, et le promettons à faire remettre en lestât dessusdit sans «delay. » L’ordonnance est du 14 mai 1358 (b). Est-il donc étonnant que ce Prince dise lui-même, un an après, le 25 mai 1359 (c)’ «En esperance d’avoir les plus grans et bonnes finances que l’on «pourroit, ordonnasmes à faire certaine monnoie, &c. desirans de tout «nostre cueur, pour le bien et prouffilt de tout le peuple, icelle ordonnance longuement maintenir en icelfuy estât : pour ce que d’icelles «finances par les voyes dessusdites ne autrement, ne avons peu ne «povons finer (d), se n’a esté et est par la revenue du prouffilt et » émolument des monnoyes ; parquoy il a convenu par l’ordonnance »de nous et de nostre conseil, le fait et gouvernement desdites «monnoyes si mener et mectre en tel estât, qu’elles sont tellement «afïïeboyées (e) que ledit peuple les a en indignacion et moult »contre-cueur : et pour cause de ce, ont esté et sont prins et mis tous » florins pour si grant pris comme il plaist à ung chacun ; desquelles «choses il nous a despieu et desplait tant comme plus peult. » Et le seul moyen qui s’offre à Charles, celui qui est l’objet de la loi, c’est d’ordonner une nouvelle fabrication, et d’augmenter le prix de l’argent. On f avoit déjà pratiqué ainsi par un mandement du 26 juillet 1356. Le Roi Jean y rappeloit aussi les plaintes et clameurs qui, de toutes parts, étoient faites sur les monnoies ; néanmoins il finit par les considérer comme pouvant seules lui fournir, avec des mesures législatives, un accroissement de revenu public (f). Les lois de cette époque sont toutes empreintes des mêmes erreurs : le Prince appeloit cela retourner a son domaine des monnoyes (g). Les malheurs de la guerre et la captivité du Roi Jean « mirent «le royaume en si grande pauvreté, dit Philippe de Comines (h), (a) Monnoie de ce temps-Ià, qui étoit (d) Trouver de l’argent ; ie mot finance ainsi nommée parce qu’un agneau y étoit est venu de ià. gravé ; elle est aussi appelée quelquefois (e) Affoiblies. aignel. (f) Ordonn. tome III, page 71.

(b) Voir tome III, page 222, art. i.er (g) Voir tome III, page 34. (c) L’ordonnance ’ est au tome III, (h) Mémoires, Vw. V, p. 339 de l’édition pages et jjj. de 16 8 2.