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2Ô2 Ordonnances des Rois de France

—— nostredit feu seigneur et pere, ladicte ville et paroisse de Clery fut par eux XI» prinse et tenue par aucuns jours, et l’eglise de Nostre-Dame estant en icelle avec les maisons des habitans toutes pillées, robées et butinées, et tous les biens meubles qui en icelle furent trovez, prins, ravis et transportez par lesdiz Anglois où bon leur sembla, et raençonnez plus qu’ils ne valoient- et avec ce, plusieurs de leurs maisons furent mises à feu et à flamme tellement que la pluspart du peuple et habitans qui y demouroient lors, furent contraints, les uns pour.eviter la fureur desdiz Anglois, les autres en la grant pouvreté en laquelle ilz se veoient, à eulx enfouir, et délaisser et habandonner ladicte ville et paroisse ; et ce peu de gens qui y demoura feurent laissez en si grant indigence et pouvreté, qu’ilz n’avoient et n’ont eu par long-temps depuis de quoy soustenir leur pouvre vie ; et à présent est encores ladicte ville et paroisse si depopulée et desgarnie de gens, et ce peu qui y est sont si nécessiteux et pouvres, que la plus grant partie d’iceulx n’ont pas le plus souvent du pain à mangier, et par ce nous est ladicte ville et paroisse de bien petite revenue en aydes, tailles, subsides et emolumens accoutumez estre levés en nostre royaume ; et se n’estoit ung peu de soustenance qu’ils ont à cause du pellerinage et apport qui tousiours a esté et est dans ladite eglise de Nostre-Dame, et aussi du passaige qui est par icelle ville, actendu la stérilité et secheresse du pays où ils sont, pieça eussent esté contraints à tout délaisser et habandonner ; en nous humblement suppliant que, eu regard à la bonne renommée qui est de par tout ce royaume, de ladicte ville de Clery, au moyen du pellerinage et apport dessusdiz, et que c’est chose moult séant et nécessaire et aussi prouffitable pour le temps avenir, que ladicte ville et paroisse, qui anciennement estoit un bon burg et bien peuple, soit remise et repeuplée des gens et des habitans, se que faire ne se pourroit comme ilz dient, sinon qu’il nous pleust affranchir ladicte ville et paroisse desdictes tailles et autres subsides et subvencions ayans cours en nostre royaume, priant qu’il nous glaise donner et octroyer à ladicte ville et paroisse, et à iceulx manans et habitans en icelle, ledit affranchissement, et sur ce leur impartir nostre grâce. Pour ce est-il que nous, ces choses considérées, et les grans charges et oppressions que lesdiz manans et habitans ont eues, portées et soustenuesès temps passez, comme il est notoire, tant aux occasions dessusdictes que autrement en plusieurs et diverses maniérés ; aussi pour la singulière devocion que nous avons à la benoiste Vierge Marie, qui chacun jour et nuyt est priée et requise en ladicte eglise, en laquelle par son intercession se sont fàiz par cy-devant et se font moult souventefois de beaulx miracles ; pour ces causes, iceulx manans et habitans, demourans et qui demoureront doresenavant en ladicte ville de Clery seulement, de notre certaine science, grâce especial, plaine puissance ct auctorité royal , avons exemptez et affranchis, exemptons et affranchissons de toutes tailles, aydes et subsides et subvencions quelxconques imposées ou à imposer pour nous ou de par nous en nostre royaume, en quelconque maniéré que ce soit. Si donnons en mandement, par cesdictes présentés, à noz amez et féaulx conseillers par nous commis et ordonnez sur le fait et gouvernement de toutes noz finances, aux esleuz sur le fàit des aydes ordonnez pour la guerre en l’clection d’Orléans, et à tous commis presens et avenir, pour asseoir et imposer lesdictes tailles, aydes et autres subsides, qui doresenavant se mectront sus de par nous en ladicte élection, et à chacun d’eulx si comme à lui appartiendra, que de nostre présente grâce, exempeion et affranchissement, facent, seuffrent et laissent lesdiz manans ct habitans, et autres qui demoureront ct habiteront