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La question en était là lorsque parut à Londres, en 1745, un ouvrage de Needham, observateur habile et prêtre catholique d’une foi vive, circonstance qui, dans un tel sujet, s’offrait comme un sûr garant de la sincérité de ses convictions.

Dans cet ouvrage, la doctrine des générations spontanées était appuyée par des expériences directes d’un genre tout nouveau.

L’ouvrage de Needham eut un grand retentissement.

Deux années ne s’étaient pas écoulées depuis sa publication que la Société royale de Londres admettait son auteur au nombre de ses membres. Plus tard il devint l’un des huit associés de l’Académie des sciences.

D’ailleurs Buffon prêta aux idées de Needham, sur la génération spontanée, l’appui de son beau langage. Son système des molécules organiques n’est qu’une variante des idées de Needham sur la force végétative. Il est présumable que les résultats de Needham eurent une grande influence sur les vues de Buffon, car c’est à l’époque même où cet illustre naturaliste rédigeait son ouvrage, que Needham fit un voyage à Paris, durant lequel il fut le commensal de Buffon.

Mais les conclusions de Needham ne tardèrent pas à être soumises à une vérification expérimentale. Il y avait alors en Italie l’un des plus habiles physiologistes dont la science puisse s’honorer, le plus ingénieux, le plus difficile à satisfaire, l’abbé Spallanzani.

L’expérience seule pouvait condamner ou absoudre les opinions de Needham. C’est ce que Spallanzani comprit très-bien. « Dans plusieurs villes d’Italie, dit-il, on a vu des partis formés contre l’opinion de M. de Needham ; mais je ne crois pas que personne ait jamais songé à l’examiner par la voie de l’expérience. »