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De pareilles erreurs ne pouvaient supporter longtemps l’esprit d’examen qui s’empara de l’Europe au seizième et au dix-septième siècle.

Redi, membre célèbre de l’Académie del Cimento, fit voir que les vers de la chair en putréfaction étaient des larves d’œufs de mouches. Ses preuves étaient aussi simples que décisives, car il montra qu’il suffisait d’entourer d’une gaze fine la matière en putréfaction pour empêcher d’une manière absolue la naissance de ces larves.

Mais bientôt dans la seconde partie du dix-septième siècle et la première moitié du dix-huitième, les observations se multiplièrent à l’envi, à l’aide du précieux et nouvel instrument que l’on venait de découvrir et auquel on avait donné le nom de microscope. La doctrine des générations spontanées reparut alors. Les uns, ne pouvant s’expliquer l’origine de ces êtres si variés que le microscope faisait apercevoir dans les infusions des matières végétales et animales, et ne voyant chez eux rien qui ressemblât à une génération sexuelle, furent portés à admettre que la matière qui avait eu vie conservait une vitalité propre, sous l’influence de laquelle ses parties disjointes se réunissaient de nouveau, dans certaines conditions favorables, et avec des variétés de structure et d’organisation que ces conditions mêmes déterminaient.

D’autres au contraire, ajoutant par l’imagination aux résultats merveilleux que l’observation leur faisait découvrir, croyaient voir des accouplements dans ces infusoires, des mâles, des femelles, des œufs, et se posaient en adversaires déclarés de la génération spontanée.

Il faut bien le reconnaître, les preuves à l’appui de l’une ou de l’autre opinion ne soutenaient guère l’examen.