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Et de là, comme je l’ai dit, l’objection très-judicieuse faite par les partisans de la doctrine de l’hétérogénie.

Mais nous allons reconnaître que l’assertion dont il s’agit est une grosse exagération, et que, comme on devait s’y attendre dans l’hypothèse de la dissémination des germes, il n’y a pas du tout dans l’atmosphère continuité de la cause des générations dites spontanées.

Les expériences suivantes me paraissent aussi simples que démonstratives.

Dans un ballon de 250 centimètres cubes environ je place 80 à 100 centimètres cubes d’une liqueur putrescible, par exemple de l’eau de levure de bière. J’effile le col du ballon, puis je fais bouillir la liqueur pendant deux à trois minutes, et je ferme la pointe effilée à la lampe pendant l’ébullition, de manière à pratiquer un vide dans le ballon par le refroidissement. Si dans un tel ballon on fait arriver de l’air calciné, il ne provoque aucune altération.

Cela posé, ouvrons ce ballon dans un lieu déterminé. L’air s’y précipitera avec force, emportant avec lui toutes ses particules en suspension. Refermons alors la pointe à la lampe et abandonnons le ballon à lui-même. S’il n’y a pas d’altération du liquide, c’est évidemment que le volume d’air introduit ne renfermait rien qui pût amener l’altération de la liqueur. Et si l’on répète plusieurs fois l’expérience, on saisira en quelque sorte dans leur variété les germes disséminés dans le lieu où l’on aura fait les prises d’air.

Or on s’assure facilement, à l’aide de pareils essais, que l’on peut toujours prélever dans un lieu quelconque un volume notable d’air ordinaire, n’ayant subi aucune sorte de modification physique ou chimique, tout à fait impropre à déterminer des productions organisées quelconques dans un liquide éminemment putrescible.