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Messieurs,

Existe-t-il des circonstances dans lesquelles on ait vu se produire des générations spontanées, dans lesquelles on ait vu la matière ayant appartenu à des êtres vivants conserver en quelque sorte un reste de vie et s’organiser d’elle-même ? Voilà la question à résoudre. Il ne s’agit ici ni de religion, ni de philosophie, ni de systèmes quelconques. Peu importent les affirmations ou les vues à priori. C’est une question de fait. Et, vous le remarquerez, je n’ai pas la prétention d’établir que jamais il n’existe de générations spontanées. Dans les sujets de cet ordre on ne peut pas prouver la négative. Mais j’ai la prétention de démontrer avec rigueur que dans toutes les expériences où l’on a cru reconnaître l’existence de générations spontanées, chez les êtres les plus inférieurs, où le débat se trouve aujourd’hui relégué, l’observateur a été victime d’illusions ou de causes d’erreur qu’il n’a pas aperçues ou qu’il n’a pas su éviter.

Faisons d’abord l’histoire rapide de notre sujet.

Dans l’antiquité et jusqu’à la fin du moyen âge tout le monde croyait aux générations spontanées. Aristote dit que tout corps sec qui devient humide, et tout corps humide qui se sèche, engendrent des animaux. Van-Helmont décrit le moyen de faire naître des souris.