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soires ciliés, et que je ne pusse pas les faire naître dans mes ballons, sous l’influence de l’ensemencement des poussières en suspension dans l’air, ce serait là une grave objection. Mais je ne connais rien de pareil et je vois toujours le liquide de mes ballons s’altérer comme il s’altère à l’air. Ce sont tout à fait des productions de même ordre.

Ce qui trompe ici M. Pouchet, c’est la différence bien réelle qui existe entre les infusions qui ont été portées à l’ébullition et celles qui n’ont pas été chauffées, sous le rapport du nombre et de la variété des infusoires. Il est certain, par exemple, que si l’on fait une infusion de foin à froid, elle offrira quelques jours après des infusoires bien plus variés, de bien plus grande dimension, que la même infusion préparée à la température de l’ébullition. Je ne saurais dire exactement la cause de cette différence. Doit-elle être attribuée à des germes que le foin brut, que le poivre brut… renfermeraient, et que l’ébullition ferait périr, ou bien à la nature et à la qualité des substances des organes des êtres vivants, lesquelles jouissent de propriétés spéciales que la chaleur modifie profondément ? Je l’ignore ; c’est à rechercher.

Que dans un ballon librement exposé à l’air on voie apparaître, au bout de quelques semaines, de gros infusoires qui ne se montreraient pas dans mes ballons après quelques jours, je ne trouverais à cela rien que de très-naturel. En effet, tout le monde sait que les premiers infusoires des infusions sont toujours les plus petits ; jamais la vie ne débute par de gros infusoires. Or ces petits infusoires altèrent l’air promptement, lorsque l’air est en quantité limitée dans un ballon fermé. Les gros infusoires ne peuvent donc se montrer. Lorsqu’ils pourraient apparaître, il n’y a plus d’air pour les faire vivre.