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Mais il y a une contre-épreuve nécessaire. Il faut répéter la même expérience à blanc, afin de voir si la manipulation n’a pas par elle-même une influence sur le résultat. À cet effet, chargeons des poussières qui sont en suspension dans l’air, non plus du coton, mais de l’amiante. L’expérience d’ensemencement réussit tout aussi bien qu’avec le coton. Mais faisons l’essai en passant l’amiante dans la flamme avant de l’introduire dans le petit tube, de manière à détruire tous les germes. On ne verra aucune production d’aucune sorte apparaître dans le ballon à la suite de l’introduction dans le ballon de cette amiante calcinée.

Il est très-curieux d’étudier dans ces expériences l’influence que le développement d’une production peut avoir sur une production voisine. Il n’est pas rare, par exemple, de voir un mycélium dont l’accroissement de volume était chaque jour plus sensible s’arrêter tout à coup parce que le liquide est devenu trouble et que des infusoires ont pris naissance. Cela tient uniquement à ce que les infusoires s’emparent de l’air en dissolution, air nécessaire à la vie de la plante. Pareil effet peut avoir lieu sous l’influence du développement d’un mycélium nouveau plus vivace que le premier. Et, la preuve que c’est simplement l’air qui manque à la plante, c’est que si vous renversez le ballon de manière à amener la plante dans le goulot, et que vous la laissiez là, le goulot incliné, librement exposée à l’air du ballon, vous la voyez en quelques heures reprendre sa marche et, le lendemain, offrir un développement des plus marqués qui, bientôt même enlevant tout l’air, s’oppose au développement des autres productions qui sont dans le liquide du ballon. Si ce sont des infusoires, le liquide s’éclaircit. Ils meurent tous et viennent se déposer au fond du ballon, comme ferait un précipité. Dès qu’il n’y a plus d’oxygène, la vie est