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que je referme à la lampe et que je reporte à l’étuve, dans la même situation qu’auparavant. Qu’y a-t-il dans ce ballon de plus que tout à l’heure ? Les poussières qui existent dans l’air : rien de plus.

Voyons maintenant les résultats. Après vingt-quatre, trente-six ou quarante-huit heures au plus, on voit toujours des productions organisées apparaître. En plaçant le ballon entre l’œil et la lumière, on les distingue dès leur premier commencement, à cause de la limpidité parfaite du liquide. Cette limpidité n’est troublée que s’il y a formation d’infusoires, et c’est là un excellent indice pour savoir que les infusoires ont pris naissance. Comme ils voyagent partout dans la masse du liquide, ils en troublent promptement la transparence. Les moisissures s’annoncent par des touffes de mycélium plus ou moins serrées, plus ou moins soyeuses, suivant les espèces qui sont nées. Les torulacées s’annoncent de leur côté par des traînées blanches, sous forme de précipités sur les parois du ballon.

Comme on voit bien, en suivant pas à pas ce genre d’expériences, tout ce qu’il y a de faux dans cette assertion des partisans des générations spontanées, à savoir que l’apparition des premiers organismes est toujours précédée par des phénomènes de fermentation ou de putréfaction, et que la formation des animalcules dans les macérations est précédée d’un dégagement de gaz divers dus à la décomposition des substances qu’on a employées, après quoi il se forme à la surface des liquides une pellicule particulière !

Aussi, lorsqu’on me parle de mouvement fermentescible que je détermine dans mes liqueurs en y déposant les poussières, mouvement fermentescible nécessaire pour l’évolution des forces génésiques, je ne vois là que des mots vagues auxquels l’expérience m’apprend à ne prêter aucun sens raisonnable.