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seulement pareil, semblable, très-voisin, mais identique, dans l’acception la plus rigoureuse du mot.

Cette identité est d’autant plus remarquable, que nous allons la voir remplacée par une opposition générale et considérable des propriétés de ces mêmes substances, lorsqu’elles se trouvent dans les conditions particulières que je vais indiquer.

Nous avons reconnu qu’il fallait distribuer tous les composés chimiques artificiels ou naturels, minéraux ou organiques, en deux grandes classes : les composés à image superposable non dissymétriques, et les composés à image non superposable dissymétriques.

Cela posé, l’identité de propriétés dont je viens de parler pour les deux acides tartriques et leurs dérivés similaires, existe constamment avec les caractères absolus que j’ai rappelés, toutes les fois qu’on place ces substances en présence d’un composé quelconque de la classe des corps à image superposable, tels que la potasse, la soude, l’ammoniaque, la chaux, la baryte, l’aniline,… l’alcool, les éthers…, en un mot, de tous les composés, quels qu’ils soient, non dissymétriques, non hémiédriques de formes, sans action sur la lumière polarisée.

Vient-on à les soumettre, au contraire, aux produits de la seconde classe à image non superposable, l’asparagine, la quinine, la strychnine, la brucine, l’albumine, le sucre, etc… etc… corps dissymétriques comme eux, tout change à l’instant. La solubilité n’est plus la même. S’il y a combinaison, la forme cristalline, le poids spécifique, la quantité d’eau de cristallisation, la destruction plus ou moins facile par la chaleur, tout diffère, autant que différent les corps isomères les plus éloignés.

Voilà donc que la dissymétrie moléculaire des corps s’introduit dans la chimie comme un modificateur