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Cette particularité des formes des tartrates n’était pas très-évidente. On le conçoit bien, puisqu’elle n’avait pas été encore aperçue. Mais lorsque, dans une espèce, elle se présentait avec des caractères douteux, j’arrivais toujours à la rendre plus manifeste, en recommençant la cristallisation et en en modifiant un peu les conditions. Quelquefois les cristaux portaient bien toutes les faces exigées par la loi de symétrie, mais l’hémiédrie était encore accusée par un développement inégal d’une moitié des faces. Cela se voit par exemple dans l’émétique ordinaire. Il faut dire que ce qui ajoute à la difficulté de reconnaître l’hémiédrie, ce sont les irrégularités si fréquentes des cristaux qui ne se développent jamais à l’aise. Il en résulte des déformations, des arrêts de développement dans tel ou tel sens, des faces supprimées par accident, etc… À moins de circonstances presque exceptionnelles, la constatation de l’hémiédrie, surtout dans les cristaux des laboratoires, exige une étude très-attentive. Ajoutons à cela que, bien que l’hémiédrie soit possible dans une forme, bien qu’elle soit une fonction de la structure interne du corps, elle peut ne pas y être accusée extérieurement, pas plus qu’on ne trouve sur chaque cristal d’une espèce cubique toutes les formes compatibles avec le cube.

Mais quoi qu’il en soit, je le répète, je trouvais les tartrates hémiédriques.

Cette observation eût été probablement stérile sans la suivante.

Soient a, b, c, les paramètres de la forme cristalline d’un tartrate quelconque ; α, β, γ, les angles des axes cristallographiques. Ces angles sont droits ordinairement ou peu obliques. En outre, le rapport de deux paramètres, tels que a et b, est à peu près le même dans les divers tartrates, quelle que soit leur composition, leur quantité d’eau de cristallisation, la