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II.

L’hémiédrie est assurément l’une des particularités de la cristallisation qu’il est le plus facile de saisir dans sa manifestation extérieure. Considérez, par exemple, une espèce minérale cristallisant sous la forme cubique. Cette espèce, comme chacun le sait, pourra revêtir divers genres de formes déterminés par la loi de symétrie, loi si naturelle, qu’elle est pour ainsi dire un axiome physique. Cette loi exprime qu’un genre de forme étant donné, on obtient tous les autres compatibles avec celui-là par un artifice qui consisterait à modifier, à tronquer, comme disait Romé de Lisle, en même temps et de la même manière les parties identiques. On appelle d’ailleurs arêtes identiques celles qui sont l’intersection de faces respectivement identiques se coupant sous le même angle ; et angles solides identiques, ceux qui sont formés par des angles dièdres respectivement égaux et semblablement placés. Par exemple, dans le cube il n’y a qu’une seule espèce d’angles solides et une seule espèce d’arêtes. Qu’un des angles solides soit tronqué par une face également inclinée sur les trois faces de l’angle solide, et les sept autres angles devront l’être en même temps par une face de même nature. C’est ce que l’on observe dans l’alun, dans la galène et en général dans toutes les espèces cubiques.

Considérons un prisme droit à base rhombe. Les huit arêtes des bases sont identiques. Si l’une est tronquée, les sept autres devront l’être et de la même façon. Les quatre arêtes verticales sont d’une autre sorte. Généralement elles ne seront pas tronquées en même temps que celles des bases, et si elles le sont, ce sera différemment.