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possession de leur étude, nous apprendre, par exemple, que le simple contact de l’air suffit parfois pour les détruire.

Mais si l’oxygène détruit les vibrions, comment donc la septicémie peut-elle exister, puisque l’air atmosphérique est partout présent ? Comment accorder ces faits avec la théorie des germes ? Comment du sang, exposé au contact de l’air, peut-il devenir septique par les poussières que l’air renferme ?

Tout est caché, obscur, et matière à discussion quand on ignore la cause des phénomènes ; tout est clarté quand on la possède. Ce que nous venons de dire n’est vrai que d’un liquide septique chargé de vibrions adultes, en voie de génération par scissiparité ; les choses sont différentes quand les vibrions se sont transformés dans leurs germes, c’est-à-dire dans ces corpuscules brillants, décrits et figurés pour la première fois dans mes études sur la maladie des vers à soie, précisément à l’occasion des vibrions des vers morts de la maladie dite flacherie. Les vibrions adultes seuls disparaissent, se brûlent et perdent leur virulence au contact de l’air ; les corpuscules-germes dans ces conditions se conservent, toujours prêts pour de nouvelles cultures et de nouvelles inoculations.

Tout ceci ne résout pas encore la difficulté de savoir comment il peut exister des germes septiques à la surface des objets, flottants dans l’air et dans les eaux. Où ces corpuscules peuvent-ils prendre naissance ? Eh bien ! rien de plus facile que la production de ces germes, malgré la présence de l’air en contact des liquides septiques.

Que l’on prenne de la sérosité abdominale, à vibrions septiques, tous ceux-ci en voie de génération par scission, et qu’on expose ce liquide au contact de l’air comme nous le faisions tout à l’heure, avec la seule précaution toutefois de lui donner une certaine épaisseur, ne fût-elle que de 1 centimètre, et en quelques heures voici l’étrange phénomène auquel on assiste. Dans les couches supérieures, l’oxygène est absorbé, ce que manifeste déjà le changement de couleur du liquide. Là, le vibrion meurt et disparaît. Dans les couches profondes, au contraire, au fond de ce centimètre d’épaisseur du liquide septique que nous supposons mis en expérience, les vibrions, protégés contre l’action de l’oxygène par leurs frères qui périssent au-dessus d’eux, continuent de se multiplier par scis-