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tout à l’heure la vie, la résistance vitale, la natura medicatrix. Cependant si l’on exagère par le nombre des inoculations le nombre des abcès, il arrive fréquemment que la guérison de ces derniers ne peut s’effectuer, et c’est alors que le microbe pénètre partout et que les muscles et le foie en sont comme imprégnés.

Nous avons dit que ce nouvel organisme préalablement porté à une température de 100 ou 110 degrés et tout à fait privé de vie, quoique gardant sa forme et son volume, provoque, quand on l’inocule sous la peau, et à la manière des corps solides inertes, des abcès formés par un pus tout à fait pur, sans odeur, privé d’organismes vivants microscopiques. Ce mode d’inoculation ne nous a pas permis encore de faire naître des abcès dans les viscères. Dans ces conditions, le microbe tué n’a agi que localement. Mais de même qu’en injectant directement, dans le sang, des corps inertes, on peut provoquer la formation d’abcès métastatiques, de même il est facile d’obtenir de tels abcès, soit par le microbe vivant, soit par le microbe mort, en faisant pénétrer les matières par la veine jugulaire. Dans ce cas, le poumon et particulièrement le foie se remplissent en vingt-quatre heures d’une multitude infinie d’abcès métastatiques à tous les états de leur évolution, depuis la tache simplement inflammatoire jusqu’à la petite pustule blanche remplie de pus, en tourée d’une auréole rougeâtre ; mais sous le rapport de la guérison, c’est-à-dire de la disparition des abcès, les choses se passent autrement dans les deux sortes d’inoculation. Souvent l’animal inoculé par le microbe vivant meurt rapidement, et une partie pour ainsi dire quelconque du foie ou du poumon ensemencée dans un liquide inerte reproduit le microbe. Si les suites de l’inoculation ne sont pas mortelles, la disparition des abcès et du microbe dans les viscères est plus lente que dans les cas où on a inoculé le microbe mort.

Mais il faut retenir des essais précédents que le pus accompagné d’êtres vivants microscopiques dont la vie est possible dans l’économie animale amène des désordres plus grands et des résorptions plus difficiles que le pus qu’on peut appeler pur.

Nous avons donc ici l’exemple d’infection purulente localisée dans les viscères et provoquée par des corps étrangers ou