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force d’introduire dans la Physiologie et dans la Pathologie. On n’a rien écrit de plus lumineux, de plus complet, de plus profond sur les vrais principes de l’art si difficile de l’expérimentation. Ce Livre est à peine connu, parce qu’il est à une l’auteur où peu de personnes peuvent atteindre aujourd’hui. L’influence qu’il exercera sur les sciences médicales, sur leur enseignement, leurs progrès, leur langage même, sera immense ; on ne saurait la préciser dès à présent, mais la lecture de ce Livre laisse une impression si forte, que l’on ne peut s’empêcher de penser qu’un esprit nouveau va bientôt animer ces belles études.

VII.

J’ai parlé du savant : avec non moins d’éloges, j’aurais pu faire connaître la personne, l’homme de tous les jours, le confrère qui a su inspirer tant de solides amitiés, car je cherche dans M. Bernard le côté faible et je ne le trouve pas. La distinction de sa personne, la beauté noble de sa physionomie, empreinte d’une grande douceur, d’une bonté aimable, séduisent au premier abord ; nul pédantisme, nul travers de savant, une simplicité antique, la conversation la plus naturelle, la plus éloignée de toute affectation, mais la plus nourrie d’idées justes et profondes : voilà quelques-uns des mérites extérieurs de M. Claude Bernard.

En terminant, il me vient un scrupule.

J’ai cédé peut-être à des sentiments d’une admiration trop vive. Non. Le lecteur en jugera par les deux traits suivants.

Un homme d’État interrogeait naguère au sujet de M. Bernard un de ses plus éminents confrères : « Ce n’est