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V.

Les travaux de M. Cl. Bernard ont un mérite qui en rend la lecture éminemment instructive, particulièrement pour cette portion de la jeunesse studieuse qu’enflamme l’ambition du savoir et des découvertes de la Science : je veux parler du soin qu’il met à divulguer les idées par lesquelles il a été guidé dans ses recherches et dans ses procédés d’investigation. Ce mérite, que l’on ne trouve pas toujours en partage chez les inventeurs, M. Bernard le porte également au plus haut degré dans ses leçons du Collège de France. Il y porte surtout le grand art des recherches originales. Si cet établissement célèbre n’existait pas, ce n’est pas exagérer de dire que la méthode suivie par M. Claude Bernard pourrait donner l’idée de sa fondation. Il a défini lui-même en ces termes le principal caractère de l’enseignement scientifique du Collège de France, caractère dont M. Bernard ne s’est jamais départi dans ses leçons :

« Toujours placé au point de vue de l’exploration, le professeur du Collège de France doit considérer la Science, non dans ce qu’elle a d’acquis et d’établi, mais dans les lacunes qu’elle présente, pour tacher de les combler par des recherches nouvelles. C’est donc aux questions les plus ardues et les plus obscures qu’il s’attaque de préférence, devant un auditoire déjà préparé à les aborder par des études antérieures.

» Dans les Facultés, au contraire, le professeur, placé au point de vue dogmatique, se propose de réunir dans un