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phénomènes encore inconnus aux chimistes et aux physiologistes, capables de produire du sucre en dehors de toute ingestion d’aliments féculents ou sucrés. « Ces faits, dit-il, devinrent dès lors pour moi un motif d’investigations physiologiques. »

Voilà bien l’inventeur dégagé de tout esprit de système et marchant à la recherche des découvertes imprévues, ainsi qu’il les nomme, comme il en a tant de fois vu surgir sous ses regards, découvertes qui, comme il le dit si bien lui-même, loin d’être des corollaires de théories, sont accomplies en dehors d’elles et leur sont contraires, d’autant plus rares que les sciences sont mieux constituées, d’autant plus fréquentes qu’elles le sont moins. «  Or, en Physiologie, les théories sont tellement défectueuses, qu’il y a autant de probabilités pour découvrir des faits qui les renversent qu’il y en a pour en trouver qui les appuient. »

La Médecine et la Physiologie se tiennent par des liens si étroits, qu’il est rare qu’une découverte dans cette dernière science n’apporte pas quelque lumière dans la première.

Ainsi, le diabète sucré ne doit plus être considéré aujourd’hui que comme le trouble d’une fonction physiologique, et, comme celle-ci appartient au foie, l’affection diabétique doit être localisée dans cet organe ou mieux dans les parties du système nerveux qui sont capables d’agir sur lui, circonstance dont M. Claude Bernard a donné des preuves saisissantes en déterminant par une lésion convenable de la moelle allongée cet état sucré des urines auquel il a donné le nom de diabète artificiel.