Page:Pasteur - Examen critique d’un écrit posthume de Claude Bernard sur la fermentation, 1879.djvu/22

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
- XIV -

pour s’en nourrir. Il en résulte deux phénomènes, en apparence corrélatifs, qui s’accomplissent constamment sous nos yeux : production abondante de matières saccharoïdes dans les végétaux ; destruction rapide de ces mêmes produits pour l’alimentation des animaux. Il était dès lors logique de croire que les matières alimentaires sucrées ou féculentes devaient être l’origine exclusive des principes sucrés de l’organisme animal.

Les démonstrations expérimentales de Claude Bernard ont la clarté et la rigueur de celles des sciences physiques et chimiques. La viande est un aliment qui par les procédés digestifs connus ne peut donner naissance à du sucre. Or, Bernard a nourri pendant un temps plus ou moins long des animaux carnivores exclusivement avec de la viande, et il a constaté, avec une grande exactitude et avec la connaissance précise des moyens les plus parfaits la Chimie mettait à son service, que le sang qui arrive dans le foie par la veine porte et qui y verse les matériaux nutritifs élaborés et rendus solubles par la digestion, que ce sang est absolument privé de sucre, tandis que celui qui sort de l’organe par les veines sushépatiques en est toujours abondamment pourvu.

De telles preuves, et bien d’autres non moins certaines que je passe sous silence, ne laissent rien à désirer, si l’on remarque en outre que Bernard a établi que, dans les conditions expérimentales susdites, la production du sucre est entièrement localisée dans le foie et que pas un seul autre organe ou tissu du corps n’offre la moindre quantité de matière sucrée.