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riences de Claude Bernard. Aujourd’hui nous savons qu’il en a au moins un autre, qui était resté complètement ignoré des zoologistes et des médecins, et qui consiste dans une production de matière sucrée que les veines hépatiques déversent constamment dans le système circulatoire.

Par des tentatives qu’une méthode d’investigation des plus fécondes pouvait seule inspirer, Claude Bernard a mis en outre en pleine lumière la liaison étroite qui existe entre la sécrétion du sucre dans le foie et l’influence du système nerveux. Il a démontré avec une rare sagacité que, en agissant sur telle ou telle partie déterminée de ce système, on pouvait à volonté supprimer ou exagérer la production du sucre. Il a fait mieux encore : il a découvert dans le foie l’existence d’une matière toute nouvelle qui est la source naturelle où puise cet organe pour fabriquer le sucre qu’il produit.

Ce qui ajoute encore à l’éclat de ces découvertes, c’est l’imprévu qui s’y est mêlé à l’origine, car l’observation comparée des actes nutritifs chez les végétaux et chez les animaux faisait, au contraire, penser que l’organisme animal était incapable de produire de la matière sucrée. Sans doute on savait, déjà avant Bernard, qu’il peut se rencontrer du sucre, dans diverses circonstances normales ou pathologiques, soit dans le sang, soit dans d’autres liquides animaux ; mais, quant à l’origine de ce sucre, toutes les données de la Science conduisaient à admettre qu’il provenait exclusivement de l’alimentation. En effet, le sucre et la fécule, formés en quantité considérable dans le règne végétal, sont utilisés par les animaux qui les détruisent