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si réfractaire aux diverses maladies infectieuses, prend facilement la maladie et y succombe rapidement, en deux ou trois jours, sans avoir présenté aucun symptôme qui puisse se rattacher à la rage telle qu’on l’a observée jusqu’ici, mais avec des désordres locaux considérables au voisinage du point d’inoculation : œdèmes, phlegmons, infiltrations sanguines, tels que la marche et la station debout deviennent très difficiles et qu’on pourrait prendre pour de la paralysie ce qui n’est dû qu’à une simple gêne mécanique des mouvements.

D’un autre côté, j’ai voulu étudier comparativement les effets produits par l’inoculation au lapin de la salive du chien enragé ; jusqu’ici mes animaux inoculés n’ont présenté aucun symptôme, à l’exception d’un seul, qui a succombé à des accidents que j’avais cru pouvoir rattacher à la rage ; mais l’autopsie m’a démontré qu’il n’en était rien ; d’ailleurs, il n’y a là rien que de conforme à la durée de la période d’incubation telle que l’a établie M. Galtier [1] – attendons.

A l’objection que les symptômes et les lésions observés sur les animaux inoculés pourraient se rattacher à la septicémie, je répondrai que l’organisme en cause est tout différent du vibrion septique au de vue morphologique ou physiologique, et que le cochon d’Inde, ce réactif par excellence de la septicémie, est tout à fait réfractaire à l’inoculation du nouvel agent virulent.

Il en est de même de la poule.

[DISCUSSION]

M. LEBLANC s’offre de fournir à M. Pasteur les chiens enragés nécessaires pour résoudre sur eux la question de savoir pendant combien de temps après la mort la salive de l’animal enragé conserve sa virulence, et de les surveiller dans son chenil pendant l’expérience.

M. PASTEUR répond Je remercie M. Leblanc de son offre si obligeante peut-être aurai-je l’occasion de la lui rappeler. Pour le moment, ce n’est pas la matière première qui fait défaut, et j’ai eu dans ces derniers temps de trop nombreuses occasions de voir des chiens enragés, tant chez M. Bourrel qu’à l’École d’Alfort ; ce qui gène l’expérimentation sur le chien, c’est, d’une part, la longue durée de la période d’incubation, et, d’autre part, les difficultés et les dangers des manipulations. Tous ces inconvénients n’existent pas avec le

  1. GALTIER. Études sur la rage. Comptes rendus de l’Académie des sciences, LXXXIX, 1879. p. 444-446. (Note de l’Édition.)