Page:Pasteur - Œuvres complètes, tome 6.djvu/29

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

576 ŒUVRES DE PASTEUR

tion du mal qui, tout en supprimant sa trop longue incubation, le ferait apparaître avec certitude. Cette méthode, nous l’avons trouvée et, en mon nom et au nom de mes collaborateurs, je l’ai exposée dans une Note, présentée à cette Académie le 30 mai 1881[1]. Elle repose d’une part sur ce fait, que le système nerveux central est le siège principal du virus rabique, qu’on l’y trouve en grande quantité, qu’on peut l’y recueillir à l’état de parfaite pureté ; en second lieu, que la matière rabique inoculée pure à la surface du cerveau, à l’aide de la trépanation, donne la rage rapidement et sûrement.

Depuis lors, nous avons trouvé les mêmes avantages, avec des formes de rage un peu différentes, dans une autre méthode d’une application encore plus facile, l’injection intraveineuse du virus.

Les deux grands obstacles à une étude expérimentale de la rage se trouvaient levés désormais.

Quoique les nouvelles recherches que j’ai l’honneur de communiquer aujourd’hui à l’Académie laissent encore beaucoup à désirer, telles qu’elles sont néanmoins, elles suggèrent en foule des vues et des tentatives nouvelles. Et puis, comme le dit Lavoisier, « on ne donnerait jamais rien au public si l’on voulait atteindre le bout de la carrière qui se présente successivement et qui paraît s’étendre à mesure qu’on avance pour la parcourir ».

J’ai pensé que mon exposition gagnerait en clarté et en brièveté, si je me bornais à résumer les conséquences qui se dégagent de notre étude, en réservant les détails des faits pour les joindre ultérieurement, à titre de documents, à la présente Communication.

I. La rage mue et la rage furieuse, plus généralement toutes les formes de rage, procèdent d’un même virus. Nous avons reconnu, en effet, qu’on peut passer expérimentalement de la rage furieuse à la rage mue et, inversement, de la rage mue à la rage furieuse.

II. Rien n’est plus varié que les symptômes rabiques. Chaque cas de rage a, pour ainsi dire, les siens propres, et il y a tout lieu d’admettre que leurs caractères dépendent de la nature des points du système nerveux, encéphale et moelle épinière, où le virus se localise et se cultive.

III. Dans la salive rabique, le virus se trouvant associé à des microbes divers, l’inoculation de cette salive peut donner lieu à trois genres de mort ;

La mort par le microbe nouveau que nous avons fait connaître sous le nom de microbe de la salive ;

  1. Voir, p. 573-574 du présent volume : Sur la rage. {Note de l’Édition.)