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Ô princeſſe des monts, des fleuues, & des bois :
    Dont la triple puiſſance en tous lieus eſt vantée.
Puiſque tu es, Deeſſe, au plus bas Ciel montée,
    D’où les piteus regrets des amants tu reçois ;
    Di, Lune au front cornu, as-tu veu quelque fois
    Vne ame qui d’Amour fust ſi fort tourmentée ?
Si doncques ma douleur vient ton cœur eſmouuoir,
    Tu me peus ſecourir ; ayant en ton pouuoir
    Des ſonges emplumez la bande charmereſſe.
Choiſi l’vn d’entre tous qui les maus d’vn amant
    Sache mieus contrefaire, & l’enuoie en dormant
    Repreſenter ma peine à ma fiere maiſtreſſe.


SONET.

Amour qui voletoit auprès du Roy des dieus Defroba le tonnerre à fon aigle endormie. Puis guignant icy bas la beauté de m amie Pour luy donner en garde il l’apporta des cieus . Il ï au oit ia caché dans l’afire de fes y eus, ii, fot, i’alloy chercher ma liberté r aide : Quand vn ef clair fortit, qui m’emporta la vie, Et fecha tout Vefpoir de iamais auoir mieus. Me voyant en ce point, vous demandés, Madame, Comment mon cœur peut viure en vne telle Jlame, Sans que depuis quatre ans fecours luy foit donné. Et ne fçaue^-vous pas qu’Amour poifon Von nomme "Et qu’au milieu du feu la chaleur ne confomme, Tant ardente f oit-elle, vu cueur empoifonné ?