Page:Passerat - Poésies françaises, édition Blanchemain, 1880, vol 1.djvu/154

Cette page n’a pas encore été corrigée

n8 ECLOGVE. Vrai eft qu’elle ternit, ainfi comme lajleur Arrachée en pajfant du foc du laboureur. Et fi elle s’empire, ©° dénient enlaidie. On s’en doibt prendre à toi, dont vient ma maladie. Peut-efire en cherches-tu de plus riches que moi, Qui vi en ma logette ainfi qu’vn petit Roi? En aucune faifon ne me faut le laiclage, l’ai toufiours des agneaus : que veus tu dauantage? le reuien du marché portant les poings pefans De beaus dou^ains tout neuf s, pour t’auoir desprefens. Veus-tu vn demi-ceint? des beaus rubans de foye? Quelque bel efpinglier ? vne bourfe de Troye ? Mon bien efi tout à toi, fans te rien refufer, Cejfe tant feulement, ceffe de m’abufer. le t’auoy referué, poires, noifettes franches, Pommes de capendu, encores fur leurs branches ; q le me leuoy matin, pour efire des premiers A te trouuer des nids de Tourtres £^ Ramiers. Or Iacquette, ou Margot, de mon amour efprifes,p Emporteront ces dons, puis que tu les mefprifes. Non feront, ma Catin, aimer ie ne les puis, Quoi qu’elles m’aiment tant : qu’infortuné ie fuis ! Aime celui qui t’aime, £S° ne me fois fi dure, Puis que tu vois à l’œil combien pour toy V endure. Maintenant les faucheurs vont raguyfer leurs fauls Attendans le goufier à la frefcheur des fauls. Les vns à leurs rafieaus fichent des dents nouuelles : D’autres mouillent Vefirain pour lier les iauelles : Les moijfonneurs laffés donnent treue aus moiffons : Les le^ars font tapis dans Vefpais des buijfons : Mes pauurettes brebis, dont ie ne fçai le nombre, Ceft oubly vient de toi) vont ruminer à l’ombre. Demi-bruflé du chault ie demeure en ce lieu, Non moins bruflé d’vn feu de ie ne fçai quel Dieu