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IOO LA CORNE D ABONDANCE. Que j'estois tout en feu ; tant plus ie m’efforçois De ce feu amortir, plus ie le renforçois. Les sirops n'estoient rien : la froide médecine Dauantage embrazoit ceste fleure maline. Voici venir amour, qui logé dans mon cœur De sa torche allumée estaignit l’autre ardeur. Vn tel miracle aduint quand l'enfant de Clymene Conduisoit le char d’or que le iour nous ramène. Le monde çà et là de flame estoit espris, Par la temerité du Cocher mal appris, Lors que le feu du fouldre esteignit ceste flame. Mon fouldre aussï ce fut le bel œil de ma dame. C'est par luy que ie sens mon corps sain & dispos. Encores que l'esprit ne soit pas en repos. Adieu donc Médecins. & vos barbes de chéures : Et bien vienne l’amour .puis qu’il guérit des fleures. LA CORNE D’ABONDANCE. La Lune aus rais d’argent auoit chassé le iour, Quand bruslé des deus feus, & d’esté et d’Amour, Ie cherchoi la frescheur par les astres versee, Accompagné d’ennuy & de vaine pensee. Or resuant tout debout, or sur l'herbe couché, Or courant par les bois: comme vn Taureau touché De l'aiguillon d’vn Taon, à vous hostes sauvages Des secrettes forests ie contois mes dommages, Mon temps mal employé. Sur tout j'estoy marri Contre un traistre espion, & trop soigneus mari, Qui sa femme tenoit, de tant de cœurs aimée, Moyen pour l'enrichir , en fa chambre enferme,