Page:Passerat - Chant d’allégresse, 1564.djvu/14

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
L’ENTREE DV ROI

Faites d’orenauant que par toute la France
On peſe les procés d’vne égale balance :
Et que le villageois plus ne füie égaré
Deuant l’aduanturier au ſaïon bigarré.
Ainſi dict tout le peuple, & quand vous paſſez, Sire,
Longue vie, & ſanté, & bon-heur vous deſire.
Les petits & les grans crïent, viue le Roi,
A qui deuons hommage & garderons la foi.
Puis iettant force fleurs des maiſons en la rüe,
En font plouuoir ſur vous vne odorante nüe.
Vous en verriés les vns vous regarder, bëans :
Autres ficher les ïeus ſur le Duc d’Orleans :
Dont le ſage maintien, & le port, & la grace,
Leur teſmoingnent aſſés qu’il eſt de vôtre race.
Viués, ce diſent ils, viués, freres germains,
Que le deſtin ordonne à regir les humains.
Puiſſe
charles vn iour, l’aïant conquis en guerre,
A ſon frere donner le ſceptre d’Angleterre.
O dieus ? ô quelle ioïe aura ſur ſes vieus ans
Quand la Mere verra tous deus Rois ſes enfans ?
Qui enſemble ioingnans leurs bandes animées
Pourront de tous les Rois deffaire les armées.
Voïés vous ? la voila, diſent ils ébaïs,
C’eſt la mere du Roig & mere du païs.
Comme reluire on voit en la ſaiſon ſereine
L’aſtre Dionéan qui le iour nous r’ameine :
Ou tel qu’on apperçoit le beau chef du Soleil,
Quand au mois de Venus ſortant de ſon ſommeil