Oui, de Wilhelmine de Ranspach, qui m’a aimé et qui m’a lâchement trahi !
Mme la baronne de Ranspach vous a aimé, vous !… ah ! vous en avez menti !
Mille z’yeux !
Menti !… (Se contenant.) Ah ! vous ne voyez donc pas mon uniforme ?… vous ne savez donc pas ce qu’il faut pour laver l’insulte que vous venez de me faire ?
Vous avez jeté le mépris sur une tombe, monsieur, et cette conduite est indigne d’un soldat !
Une tombe ! une tombe ! Wilhelmine est morte !… morte !… ah !…
Il tombe sur un siége.
V’là de la belle ouvrage !… nom d’une pipe !… v’là qu’il descend la garde !
- Ah ! je sens dans mon cœur
- Bouillonner la colère !
- C’ démenti, sur l’honneur,
- Vous portera malheur !
- Vous r’cevrez votre affaire
- Dans le prochain combat,
- Vous apprendrez j’espère,
- A craindre le soldat.
- Ah ! je sens dans mon cœur
- Le dépit, la colère !
- Je dois avec ardeur
- Défendre mon honneur !
- Mon bras saura, j’espère,
- Venger dans un combat
- Celle que je révère,
- Et punir ce soldat !
- Ah ! je sens dans mon cœur
- La crainte et la colère !
- Il a pour son malheur
- Provoqué l’imposteur !
- Jamais ici, j’espère,
- N’aura lieu ce combat.
- Hélas ! comment donc faire
- Pour chasser ce soldat ?
Vous serez mon témoin.
J’ suis l’ sien, ça va sans dire.
Six dragons vont mettre ordre à tout ceci !
Je reviens avec des armes.
J’ vas choisir le terrain avec monsieur.
- Ah ! je sens dans mon cœur, etc.
- Ah ! je sens dans mon cœur
- Une douleur amère !…
- En voyant leur fureur,
- Je redoute un malheur !
- Il vient, dans sa colère,
- D’insulter un soldat !
- Jamais ici, j’espère,
- N’aura lieu ce combat !
Si en route je tapais sur la tête au vieux, ça le vexerait, et nous ferions partie carrée… je vas y penser.
Wilhehn, Frédéric et Chambord sortent par le fond.
Scène VIII.
Pascal, j’ai tout entendu ; vous ne vous battrez pas !
Je me battrai, Mina.
Vous ne vous battrez pas, vous dis-je !
Vous ne savez donc pas qu’il m’a insulté ?
Vous ne savez donc pas, vous, que c’est l’enfant de Wilhelmine ?
Hein !… son fils… vous me trompez encore ; vous voulez sauver la vie de ce jeune homme.
Il est le fils de Wilhelmine, je vous le jure.
Son fils… il est donc vrai ! j’ai été oublié… par elle… oh !… oublié !…
Oublié !… mais vous avez eu sa dernière pensée ; elle a laissé ici, pour vous, un souvenir, un adieu dont je suis dépositaire.
Un souvenir… un adieu pour moi ?
Oui, là, dans sa chambre.
Dans sa chambre !…
Silence, on vient !
- ↑ Pascal, Mina.