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paſſé tant de choſes ſi extraordinaires & ſi hors d’exemple, en font conceuoir vne ſi haute idée, qu’on ne peut croire qu’il n’y en ait vn ſujet bien extraordinaire.

[1]Cependant vous ſerez bien ſurpris, quand vous apprendrez par ce récit à quoy ſe termine vn ſi grand éclat ; & c’eſt ce que je vous dirai en peu de mots, apres m’en eſtre parfaitement inſtruit.

On examine deux queſtions, l’vne de fait[2], l’autre de droit[3].

Celle de fait conſiſte à ſçauoir ſi M. Arnauld eſt temeraire, pour auoir dit dans ſa ſeconde Lettre, Qu’il a leu exactement le liure de Ianſenius, & qu’il n’y a point trouué les Propoſitions condamnées par le feu Pape ; & neanmoins que comme il condamne ces Propoſitions en quelque lieu qu’elles ſe rencontrent, il les condamne dans Ianſenius, ſi elles y ſont.

La queſtion eſt de ſçauoir[4] s’il a pû ſans temerité témoigner par là qu’il doute que ces Propoſitions soient de Ianſenius, apres que MM. les Eueſques ont declaré qu’elles y ſont[5].

On propoſe l’affaire en Sorbonne. Soixante & onze Docteurs entreprennent ſa défenſe & souſtiennent qu’il n’a pu répondre autre choſe à ceux qui par tant d’écrits luy demandoient s’il tenoit que ces Propoſitions fuſſent dans ce liure, ſinon qu’il ne les y a pas veuës, & que neantmoins il les y condamne, ſi elles y ſont.

  1. L’édition in-8o de 1659, comme la plupart des éditions suivantes, a supprimé l’alinéa.
  2. La plupart des éditions modernes écrivent : L’une de fait et l’autre de droit. Nicole ne traduit pas la conjonction et : Aguntur duæ quæſtiones : una factum, altera jus attingit.
  3. L’édition in-8o de 1659 supprime l’alinéa, ce que ne fait aucune des éditions modernes.
  4. La deuxième édition in-12 de 1657 et toutes les éditions suivantes : La queſtion ſur cela eſt de ſavoir.
  5. Les éditions postérieures à la mort de Pascal : Qu’elles ſont de lui.