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personne étrangère : il s’agit de nous-mêmes et de notre tout.

L’immortalité de l’âme est une chose qui nous importe si fort, et qui nous touche si profondément, qu’il faut avoir perdu tout sentiment pour être dans l’indifférence de savoir ce qui en est. Toutes nos actions et toutes nos pensées doivent prendre des routes si différentes selon qu’il y aura des biens éternels à espérer ou non, qu’il est impossible de faire une démarche avec sens et jugement qu’en la réglant par la vue de ce point qui doit être notre dernier objet.

Ainsi notre premier intérêt et notre premier devoir est de nous éclaircir sur ce sujet d’où dépend toute notre conduite. Et c’est pourquoi parmi ceux qui n’en sont pas persuadés, je fais une extrême différence entre ceux qui travaillent de toutes leurs forces à s’en instruire, et ceux qui vivent sans s’en mettre en peine et sans y penser.

Je ne puis avoir que de la compas-