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d’être à vous ; que ceux qui par le baptême ont renoncé au monde pour vous suivre ; que ceux qui ont juré solennellement à la face de l’Église de vivre et de mourir avec vous ; que ceux qui font profession de croire que le monde vous a persécuté et crucifié ; que ceux qui croient que vous vous êtes exposé à la colère de Dieu et à la cruauté des hommes pour les racheter de leurs crimes ; que ceux, dis-je, qui croient toutes ces vérités ; qui considèrent votre corps comme l’hostie qui s’est livrée pour leur salut ; qui considèrent leurs plaisirs et les péchés du monde, comme l’unique objet de vos souffrances, et le monde même comme votre bourreau, recherchent à flatter leurs corps par ces mêmes plaisirs, parmi ce même monde ; et que ceux qui ne pourraient sans frémir d’horreur voir un homme caresser et chérir le meurtrier de son père qui se serait livré pour lui donner la vie, puissent vivre comme j’ai fait, avec une pleine joie, parmi le monde que je sais avoir été véritable-