Page:Pascal - Pensées, 2e édition G. Desprez, 1670.djvu/413

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ve des mots répétés, et qu’essayant de les corriger on les trouve si propres qu’on gâterait le discours, il les faut laisser ; ç’en est la marque ; et c’est là la part de l’envie qui est aveugle, et qui ne sait pas que cette répétition n’est pas faute en cet endroit ; car il n’y a point de règle générale.

[§] Ceux qui font des antithèses en forçant les mots, sont comme ceux qui font de fausses fenêtres pour la symétrie. Leur règle n’est pas de parler juste, mais de faire des figures justes.

[§] Il y a un modèle d’agrément et de beauté, qui consiste en un certain rapport entre notre nature faible ou forte telle qu’elle est, et la chose qui nous plaît. Tout ce qui est formé sur ce modèle nous agrée, maison, chanson, discours, vers, prose, femmes, oiseaux, rivières, arbres, chambres, habits. Tout ce qui n’est point sur ce modèle déplaît à ceux qui ont le goût bon.

[§] Comme on dit beauté poétique, on devrait dire aussi beauté géométrique, et beauté médicinale. Cepen-