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car il est impossible que la partie qui raisonne en nous soit autre que spirituelle. Et quand on prétendrait que nous fussions simplement corporels, cela nous exclurait bien davantage de la connaissance des choses, n’y ayant rien de si inconcevable que de dire que la matière se puisse connaître soi-même.

C’est cette composition d’esprit et de corps qui a fait que presque tous les Philosophes ont confondu les idées des choses, et attribué aux corps ce qui n’appartient qu’aux esprits, et aux esprits ce qui ne peut convenir qu’aux corps. Car ils disent hardiment que les corps tendent en bas, qu’ils aspirent à leur centre, qu’ils fuient leur destruction, qu’ils craignent le vide, qu’ils ont des inclinations, des sympathies, des antipathies ; qui sont toutes choses qui n’appartiennent qu’aux esprits. Et en parlant des esprits, ils les considèrent comme en un lieu, et leur attribuent le mouvement d’une place à une autre ; qui sont des choses qui n’appartiennent qu’aux corps, etc.