qu’on veut prouver, et claire celle qu’on emploie à la prouver ; car quand on propose une chose à prouver, d’abord on se remplit de cette imagination qu’elle est donc obscure, et au contraire que celle qui la doit prouver est claire, et ainsi on l’entend aisément.
[§] Nous supposons que tous les hommes conçoivent et sentent de la même sorte les objets qui se présentent à eux : mais nous le supposons bien gratuitement ; car nous n’en avons aucune preuve. Je vois bien qu’on applique les mêmes mots dans les mêmes occasions, et que toutes les fois que deux hommes voient, par exemple, de la neige, ils expriment tous deux la vue de ce même objet par les mêmes mots, en disant l’un et l’autre qu’elle est blanche : et de cette conformité d’application on tire une puissante conjecture d’une conformité d’idée ; mais cela n’est pas absolument convainquant, quoiqu’il y ait bien à parier pour l’affirmative.
[§] Tout notre raisonnement se