Page:Pascal - Pensées, 2e édition G. Desprez, 1670.djvu/363

Cette page a été validée par deux contributeurs.

plus vicieux que lui. On croit n’être pas tout à fait dans les vices du commun des hommes, quand on se voit dans les vices de ces grands hommes ; et cependant on ne prend pas garde qu’ils sont en cela du commun des hommes. On tient à eux par le bout, par où ils tiennent au peuple. Quelque élevés qu’ils soient, ils sont unis au reste des hommes par quelque endroit. Ils ne sont pas suspendus en l’air, et séparés de notre société. S’ils sont plus grands que nous, c’est qu’ils ont la tête plus élevée ; mais ils ont les pieds aussi bas que les nôtres. Ils sont tous à même niveau, et s’appuient sur la même terre, et par cette extrémité ils sont aussi abaissés que nous, que les enfants, que les bêtes.

[§] C’est le combat qui nous plaît, et non pas la victoire. On aime à voir les combats des animaux, non le vainqueur acharné sur le vaincu. Que voulait-on voir, sinon la fin de la victoire ? Et dès qu’elle est arrivée, on en est saoul. Ainsi dans le jeu ; ainsi dans la