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ce qu’on craint le Dieu auquel on n’a point de foi. Les uns craignent de le perdre, et les autres de le trouver.

[§] Salomon et Job ont le mieux connu la misère de l’homme, et en ont le mieux parlé ; l’un le plus heureux des hommes, et l’autre le plus malheureux ; l’un connaissant la vanité des plaisirs par expérience, l’autre la réalité des maux.

[§] Dieu n’entend pas que nous soumettions notre créance à lui sans raison, et nous assujettir avec tyrannie. Mais il ne prétend pas aussi nous rendre raison de toutes choses. Et pour accorder ces contrariétés, il entend nous faire voir clairement des marques divines en lui, qui nous convainquent de ce qu’il est, et s’attirer autorité par des merveilles et des preuves que nous ne puissions refuser, et qu’ensuite nous croyions sans hésiter les choses qu’il nous enseigne, quand nous n’y trouverons pas d’autre raison de les refuser, sinon que nous ne pouvons pas par nous mêmes connaître si elles sont ou non.