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sance ? Car ils sont également obéissants, et dépendants, et dans des exercices également pénibles. Mais le soldat espère toujours devenir maître, et ne le devient jamais ; car les capitaines et les Princes mêmes sont toujours esclaves et dépendants. Mais il espère toujours l’indépendance, et travaille toujours à y venir ; au lieu que le Chartreux fait vœu de n’être jamais indépendant. Ils ne diffèrent pas dans la servitude perpétuelle que tous deux ont toujours ; mais dans l’espérance que l’un a toujours, et que l’autre n’a pas.

[§] La propre volonté ne se satisferait jamais quand elle aurait tout ce qu’elle souhaite. Mais on est satisfait dès l’instant qu’on y renonce. Avec elle on ne peut être que mal content ; sans elle on ne peut être que content.

[§] Il est injuste qu’on s’attache à nous, quoiqu’on le fasse avec plaisir et volontairement. Nous tromperons ceux à qui nous en ferons naître le désir ; car nous ne sommes la