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et qu’on y donnât tant de créance, s’il n’y en avait de véritables. Si jamais il n’y en avait eu, et que tous les maux eussent été incurables, il est impossible que les hommes se fussent imaginé qu’il en pourraient donner ; et encore plus que tant d’autres eussent donné créance à ceux qui se fussent vanté d’en avoir. De même que si un homme se vantait d’empêcher de mourir, personne ne le croirait, parce qu’il n’y a aucun exemple de cela. Mais comme il y a eu quantité de remèdes qui se sont trouvés véritables par la connaissance même des plus grands hommes, la créance des hommes s’est pliée par là ; parce que la chose ne pouvant être niée en général, puis qu’il y a des effets particuliers qui sont véritablement, le peuple qui ne peut pas discerner lesquels d’entre ces effets particuliers sont les véritables, les croit tous. De même ce qui fait qu’on croit tant de faux effets de la lune, c’est qu’il y en a de vrais, comme le flux de la mer.