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pas guéris de cette misère intérieure et naturelle, qui consiste à ne pouvoir souffrir la vue de soi-même. Ce lièvre qu’ils auraient acheté ne les garantirait pas de cette vue ; mais la chasse les en garantit. Ainsi quand on leur reproche, que ce qu’ils cherchent avec tant d’ardeur ne sauraient les satisfaire ; qu’il n’y a rien de plus bas, et de plus vain ; s’ils répondaient comme ils devraient le faire s’ils y pensaient bien, ils en demeureraient d’accord : mais ils diraient en même temps qu’il ne cherchent en cela qu’une occupation violente et impétueuse qui les détourne de la vue d’eux-mêmes, et que c’est pour cela qu’ils se proposent un objet attirant qui les charme et qui les occupe tous entiers. Mais ils ne répondent pas cela, parce qu’ils ne se connaissent pas eux-mêmes. Un Gentilhomme croit sincèrement qu’il y a quelque chose de grand et de noble dans la chasse : il dira, que c’est un plaisir royal. Il en est de même des autres choses dont la plupart des hommes s’occu-