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[§] Moïse était habile homme. Cela est clair. Donc s’il eût eu dessein de tromper, il l’eût fait en sorte qu’on ne l’eût pu convaincre de tromperie. Il a fait tout le contraire ; car s’il eût débité des fables, il n’y eût point eu de Juif qui n’en eût pu reconnaître l’imposture.

Pourquoi, par exemple, a-t-il fait la vie des premiers hommes si longue, et si peu de générations ? Il eût pu se cacher dans une multitude de générations, mais il ne le pouvait en si peu ; car ce n’est pas le nombre des années, mais la multitude des générations qui rend les choses obscures.

La vérité ne s’altère que par le changement des hommes. Et cependant il met deux choses les plus mémorables qui se soient jamais imaginées, savoir la création, et le déluge, si proche qu’on y touche, par le peu qu’il fait de générations. De sorte qu’au temps où il écrivait ces choses, la mémoire en devait encore être toute récente dans l’esprit de tous les Juifs.

[§] Sem qui a vu Lamech, qui a