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moins les prédire afin qu’elles fussent crues, en avait prédit le temps clairement, et les avait même quelquefois exprimées clairement, mais ordinairement en figures ; afin que ceux qui aimaient les choses figurantes[1] s’y arrêtassent, et que ceux qui aimaient les figurées[2], les y vissent. C’est ce qui a fait qu’au temps du Messie les peuples se sont partagés : les spirituels l’ont reçu ; et les charnels qui l’ont rejeté, sont demeurés pour lui servir de témoins.

[§] Les Juifs charnels n’entendaient ni la grandeur ni l’abaissement du Messie prédit dans leurs prophéties. Ils l’ont méconnu dans sa grandeur, comme quand il est dit, que le Messie sera Seigneur de David quoique son fils, qu’il est devant Abraham, et qu’il l’a vu. Ils ne le croyaient pas si grand qu’il fût de toute éternité. Et ils l’ont méconnu de même dans son abaissement et dans sa mort. Le Messie, disaient-ils, demeure éternellement, et celui-ci dit qu’il mourra. Ils ne le

  1. C’est-à-dire les choses charnelles qui servaient de figures.
  2. C’est-à-dire les vérités spirituelles figurées par les choses charnelles.