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que je dois faire, je ne connais ni ma condition, ni mon devoir. Mon cœur tend tout entier à connaître où est le vrai bien pour le suivre. Rien ne me serait trop cher pour cela.

Je vois des multitudes de Religions en plusieurs endroits du monde, et dans tous les temps. Mais elles n’ont ni morale qui me puisse plaire, ni preuves capables de m’arrêter. Et ainsi j’aurais refusé également la Religion de Mahomet, et celle de la Chine, et celle des anciens Romains, et celle des Égyptiens, par cette seule raison, que l’une n’ayant pas plus de marques de vérité que l’autre, ni rien qui détermine, la raison ne peut pencher plutôt vers l’une que vers l’autre.

Mais en considérant ainsi cette inconstante et bizarre variété de mœurs et de créances dans les divers temps, je trouve en une petite partie du monde un peuple particulier séparé de tous les autres peuples de la terre, et dont les histoires précèdent de plusieurs siècles les plus anciennes que nous ayons.