Page:Pascal - Pensées, 2e édition G. Desprez, 1670.djvu/120

Cette page a été validée par deux contributeurs.

[§] Suivons nos mouvements, observons-nous nous-mêmes, et voyons si nous n’y trouverons pas les caractères vivants de ces deux natures.

[§] Tant de contradictions se trouveraient elles dans un sujet simple ?

[§] Cette duplicité de l’homme est si visible qu’il y en a qui ont pensé que nous avions deux âmes, un sujet simple leur paraissant incapable de telles et si soudaines variétés, d’une présomption démesurée à un horrible abattement de cœur.

[§] Ainsi toutes ces contrariétés qui semblaient devoir le plus éloigner les hommes de la connaissance d’une Religion, sont ce qui les doit plutôt conduire à la véritable.

Pour moi j’avoue qu’aussitôt que la Religion Chrétienne découvre ce principe que la nature des hommes est corrompue et déchue de Dieu, cela ouvre les yeux à voir partout le caractère de cette vérité. Car la nature est telle qu’elle marque partout un Dieu perdu, et dans l’homme, et hors de l’homme.