Page:Pascal - Pensées, 2e édition G. Desprez, 1670.djvu/109

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sophes qui ont connu Dieu et non leur misère, ou le désespoir des Athées qui connaissent leur misère sans Rédempteur.

Et ainsi, comme il est également de la nécessité de l’homme de connaître ces deux points, il est aussi également de la miséricorde de Dieu de nous les avoir fait connaître. La Religion Chrétienne le fait ; c’est en cela qu’elle consiste.

Qu’on examine l’ordre du monde sur cela, et qu’on voie si toutes choses ne tendent pas à l’établissement des deux chefs de cette Religion.

[§] Si l’on ne se connaît point plein d’orgueil, d’ambition, de concupiscence, de faiblesse, de misère et d’injustice, on est bien aveugle. Et si en le connaissant on ne désire d’en être délivré que peut-on dire d’un homme si peu raisonnable ? Que peut-on donc avoir que de l’estime pour une Religion qui connaît si bien les défauts de l’homme ; et que du désir pour la vérité d’une Religion qui y promet des remèdes si souhaitables ?