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et ne s’en rapportant de rien qu’à lui-même, s’arrêtant aux choses et non aux mots, parfaitement dépouillé, et que sais-je ? peut-être trop dépouillé de tout autre intérêt que celui de la critique ; et par-dessus tout cela, une facilité de sentir et d’imaginer, un coloris d’expression, une grâce de mouvements, reste précieux du poète dans le critique, qui rend l’exposition vivante et attrayante au dernier point. C’est un ouvrage qui captive tout esprit curieux et amateur des lettres, et le retient par mille attaches. Tout y est dit, à ce qu’il semble, et je n’aurais pas essayé de faire de nouvelles réflexions sur les Pensées, si les conditions d’un travail placé en tête d’une édition n’étaient tout autres que celles du grand tableau qui est tracé dans Port-Royal. Souvent d’ailleurs, je n’ai fait que répéter ce que M. Sainte-Beuve avait dit ; je l’ai redit sous forme de résumé et d’analyse, plus sèchement, plus didactiquement, comme un répétiteur qui reprend la leçon du maître. J’ai cité quelquefois le texte même, mais j’aurais voulu tout citer. Dans le dernier chapitre surtout, il n’y a pas un mot qui ne laisse des traces[1].

  1. Je n’ai pu faire entrer dans cette revue que quelques écrivains, nos maîtres à tous. Je voudrais du moins dans cette note nommer les autres écrits sur Pascal que j’ai lus et dont j’ai profité. Ce sont, en suivant l’ordre des dates, les deux Eloges de Pascal, par M. Bordas-Demoulin et M. Faugère, entre lesquels l’Académie française a partagé le prix d’éloquence en 1842 ; le premier plus plein et plus fort, le second plus touchant. C’est le jugement de M. Villemain dans son Rapport sur les concours de 1842. Voyez ce rapport, où l’illustre écrivain a trouvé encore sur Pascal des traits nouveaux, pleins de lumière et de force. — Les Etudes sur Pascal de M. l’abbé Flotte, 1843-45. C’est une défense de Pascal et des Pensées, riche de bonnes observations et de bons arguments, œuvre d’un esprit éclairé et droit, mais qui oublie quelquefois qu’il ne faut pas vouloir trop prouver, et qu’il y a des textes dont tous les commentaires du monde ne sauraient détruire l’impression. — Les Etudes sur Pascal de feu M. Vinet, 1844-47, morceaux tout à fait distingués, originaux, où, comme dit Pascal, il n’y a pas seulement un auteur, mais un homme. Il est curieux d’y voir le protestantisme tirant à lui les Pensées, et y faisant son butin avec un zèle ingénieux, mais obstiné et chagrin. — Le chapitre sur Pascal, dans l’Histoire de France de M. Henri Martin, 1845, plein de verve, de