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PASCAL. — PENSÉES.

On se gâte l’esprit et le sentiment par les conversations. Ainsi les bonnes ou les mauvaises le forment ou le gâtent. Il importe donc de tout[1] de bien savoir choisir, pour se le former et ne point le gâter ; et on ne peut faire ce choix, si on ne l’a déjà formé et point gâté. Ainsi cela fait un cercle, d’où sont bienheureux ceux qui sortent.

17.

Lorsqu’on ne sait pas la vérité d’une chose, il est bon qu’il y ait une erreur commune qui fixe l’esprit des hommes, comme, par exemple, la lune, à qui on attribue le changement des saisons[2], le progrès des maladies, etc. Car la maladie principale de l’homme est la curiosité inquiète des choses qu’il ne peut savoir ; et il ne lui est pas si mauvais d’être dans l’erreur[3], que dans cette curiosité inutile.


La manière d’écrire d’Épictète, de Montaigne et de Salomon de TultieErreur de référence : Balise <ref> incorrecte : les références sans nom doivent avoir un contenu., est le plus d’usage, qui s’insinue le mieux,



"" « Et de Salomon de Tultie. » n Nos recherches, dit M. Faugère, et » celles de plusieurs érudits n’ayant pu nous procurer aucune notion sur » Salomon de Tultie, nous supposons que madame Périer, de la main de « laquelle ce passage se trouve écrit dans le manuscrit, aura altéré le nom » de l’écrivain cité par Pascal… » Ce nom est tracé très-distinctement, et à deux fois ; mais en supposant que madame Périer se soit trompée, quel autre nom faudra-t-i ! mettre à la place ? On n’en trouve aucun dans l’histoire littéraire qui convienne ici. Comment Pascal, qui semble avoir si peu lu, _ lisait-il un écrivain que personne ne connaît, et qu’il nomme à côté d’Épictète et de Montaigne ? On serait tenté de croire que Salomon de

    » esprits vigoreux et réglez, il ne se peult dire combien il perd et s’abastardit par le continuel commerce et fréquentation que nous avons « avecques les esprits bas et maladifs : il n’est contagion qui s’espande w comme celle-là. »

  1. « Il importe donc de tout. » On dit encore de tout point, on ne dit plus de tout.
  2. « Le changement des saisons. » Saisons est pris ici dans le sens du latin tempestates ; Pascal veut dire les changements de temps, comme a mis P. R.
  3. « D’être dans l’erreur. » N’est-ce pas là une faiblesse que le philosophe doit combattre, au lieu de l’autoriser ?