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les autres sur la forme, ce sont les moins explicables et les plus nombreuses : « Altérations de mots, altérations de tours, altérations de phrases, suppressions, substitutions, additions, composition arbitraire et absurde tantôt d’un paragraphe, tantôt d’un chapitre entier, à l’aide de phrases et de paragraphes étrangers les uns aux autres ; et, qui pis est, décomposition plus arbitraire encore et vraiment inconcevable de chapitres qui, dans le manuscrit de Pascal, se présentaient parfaitement liés dans toutes leurs parties et profondément travaillés. » (Avant-propos de M. Cousin.)

Je n’ai pu indiquer toutes ces altérations dans mes notes ; rien n’aurait été plus fatigant et moins utile. Il n’y a pas une page où il ne s’en trouve, et dans bien des pages il y en a à toutes les phrases. Mais j’ai relevé soigneusement, et sans me lasser, celles qui défiguraient plus sensiblement soit la pensée de Pascal, soit son style…

Un assez grand nombre de Pensées contenues dans le manuscrit autographe ne furent pas comprises dans l’édition de Port-Royal. L’édition de Bossut (1779) est plus complète, mais non plus fidèle…

Mais, en 1842, M. Cousin apprit au public étonné, qu’on croyait avoir les Pensées de Pascal, et qu’on ne les avait pas. Il annonça qu’il fallait regarder comme non avenu tout le travail des anciens éditeurs, et que l’édition princeps des fragments de Pascal était à faire. Il montra par des citations du manuscrit, nombreuses, choisies, étendues, combien le texte que tout le monde avait sous les yeux différait matériellement du véritable, et surtout il remua tous les esprits en faisant sentir combien la vraie parole de Pascal et sa vraie pensée étaient plus hardies encore, plus violentes, plus étonnantes de toute manière que ce qui avait paru déjà si original dans les éditions. Tout cela était exposé d’ailleurs