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PASCAL. — PENSÉES.
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On ne s’imagine Platon et Aristote[1] qu’avec de grandes robes[2] de pédants. C’étaient des gens honnêtes[3] et comme les autres, riant avec leurs amis : et quand ils se sont divertis à faire leurs Lois et leur PolitiqueErreur de référence : Balise <ref> incorrecte : les références sans nom doivent avoir un contenu., ils l’ont fait en se jouant. C’était la partie la moins philosophe[4] et la moins sérieuse de leur vie. La plus philosophe était de vivre simplement et tranquillement.

S’ils ont écritErreur de référence : Balise <ref> incorrecte : les références sans nom doivent avoir un contenu. de politique, c’était comme pour régler un hôpital de fous. Et s’ils ont fait semblant d’en parler comme d’une grande chose, c’est qu’ils savaient que les fous à qui ils parlaient pensaient être rois et empereurs. Ils entraient dans leurs principes pour modérer leur folie au moins mal qu’il se pouvait.



  • « Leurs Lois et leur Politique. » Allusion aux Lois et à la iuA : zi : a de

Platon, et à la Politique d’Aristote.


« S’ils ont écrit. » Ce second alinéa a été supprimé dans P. R. et dans tous les anciens éditeurs. 11 n’est pas très-clair. Les fous à qui parlaient Platon et Aristote étaient des rois, comme Denys de Syracuse et Alexandre, et des empereurs, en entendant ce mot au sens latin, imperatores, c’est-à-dire des chefs de républiques, des hommes revêtus du commandement suprême, ftlais pourquoi dire qu’ils pensaient être tout cela ? C’est que Pascal parle le langage des stoïciens, selon qui il n’y a de véritable roi que le saçje ; les autres ne sont que des maîtres imaginaires, esclaves dans la réalilé. On ne voit pas bien à quoi en veut Pascal dans ce fragment ; seulement l’idée que les traités politiques des grands philosophes ne sont qu’un amusement de leur esprit s’accorde b en avec la doctrine qu’il n’y a pas de loi naturelle, et que les sociétés humaines ne sont pas fondées sur la raison et la justice (Cf. m, 8 et vi, 40). Mais qu’est-ce alors que de inodcrcr cette folie au moins mal qu’il se peut ? S’il y a un moins mal, il

    quelque chose dont on craint que l’idée ou l’expression ne blesse. » Dict. de l’Académie. — Qui s’excuse s’accuse, dit un proverbe italien.

  1. « On ne s’imagine Platon et Aristote. » Méré, Discours de la Conversation, p. 65 : « Cela me donne à penser que ces auteurs qu’on trouve si graves ne l’étaient pas toujours comme on le croirait par leurs écrits. »
  2. « De grandes robes. » Cf. iii. 3.
  3. « Des gens honnêtes. » Dans le sens où on disait un honnête homme.
  4. « La moins philosophe. » Philosophe adjectif est plus commode pour le discours ordinaire que philosophique, qui a un air plus savant.