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sortes d’incorrections, mais encore avec telle audace ou telle étrangeté, que l’auteur n’a pas avouée et qu’il aurait peut-être adoucie. Mais Pascal est le plus excellent des modèles, pourvu qu’on se propose en l’étudiant de rester soimême , et non pas d’être Pascal ; son éloquence n’est qu’à lui , mais tout le monde peut prendre sa part de sa rhétorique. Appliquer son esprit à discerner le vrai et à l’aimer ; ne rien dire qu’on ne le conçoive bien et qu’on ne s’y intéresse ; ne priser une expression qu’autant qu’elle est lumineuse et sentie ; travailler à éclaircir ses idées , et s’y échauffer jusqu’à ce qu’on s’assure qu’elles paraîtront suffisamment claires aux autres, et qu’ils seront touchés de ce dont on est touché soi-même ; se soutenir dans ce travail pénible par le zèle, par l’amour du bien qu’on peut faire et de la cause qu’on peut servir : voilà ce que nous pouvons tous apprendre dans Pascal , non pas sans doute pour le faire comme il l’a fait, mais chacun dans notre mesure et suivant nos forces.

M. Cousin, dans son livre Des Pensées de Pascal y pages 24Ô et suivantes, a signalé les formes dramatiques que Pascal se proposait d’employer en divers endroits de son livre pour rompre la monotonie d’une exposition didactique. Je n’ai rien à ajouter là-dessus aux belles réflexions de M. Cousin (a). Mais c’est ici qu’il faut rappeler encore l’étonnant dialogue du Mystère de Jésus (page 471) : « Je » pensais à toi dans mon agonie, j’ai versé telles gouttes a de sang pour toi... Veux-tu qu’il me coûte toujours du B sang de mon humanité sans que tu donnes des larmes ?... » Les médecins ne te guériront pas, car tu mourras à la » fin. Mais c’est moi qui guéris et rends le corps immortel. ... » Et tout le reste. Est-ce là ce raisonneur et ce géo- (a) Voici les endroits des Pensées où on trouvera la trace de ces intentions do Pascal : page 182, note 4 ; page 192, note 4 ; et xxv, 109-111.