EXTRAIT D’UNE
ÉTUDE
SUR LES
PENSEES DE PASCAL1.
..... Pascal est d’abord un mathématicien, un savant;
il l’est dès l’enfance, si on peut dire qu’il ait eu une enfance;
il dépense le feu de sa jeunesse dans ces travaux; avant
vin}:t-cinq ans, il est en possession des plus grands résultats.
Puis, du milieu de la vie aride de la science, nous voyons
ce cœur, que la poursuite de la vérité abstraite ne satisfait
pas, s’ouvrir à des pensées qui le remplissent davantage. Il
cherche la passion, mais pure, et la vertu, mais brûlante.
11 était chrétien, il devient dévot : ce n’est pas assez, il de-
vient sectaire, car la piété commune ne lui suffit pas. La
dévotion qui la conquis ne le laisse plus échapper et finit
par absorber tout son être. Elle est encore exaltée par la
maladie, qui s’est saisie de lui dès l’adolescence, et qui de-
puis ne cesse de lui livrer des assauts, jusqu’à ce qu’elle
l’accable à trente-neuf ans , irritant par ses continuelles at-
teintes l’impatience de son esprit absolu et la mélancolie de
son âme ardente.
Et bien! le géomètre, le cœur passionné, le malade, se
retrouvent dans les Pensées. C’est une œuvre d’extrême lo-
gique et d’extrême sensibilité, ou l’émotion la plus vive est
1 Voyez notre édition in-8", p. xi et suivante.
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